Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/105

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ne peut manquer, toutes les fois qu’on raisonne sans être remonté à l’origine des choses : je veux dire, qu’incapables de prendre un juste milieu ils se sont égarés dans les deux extrémités. Les uns ont mis l’instinct à côté ou même au-dessus de la raison : les autres ont rejetté l’instinct & ont pris les bêtes pour de purs automates. Ces deux opinions sont également ridicules, pour ne rien dire de plus. La ressemblance qu’il y a entre les bêtes & nous prouve qu’elles ont une ame ; & la différence qui s’y rencontre prouve qu’elle est inférieure à la nôtre. Mes analyses rendent la chose sensible ; puisque les opérations de l’ame des bêtes se bornent à la perception, à la conscience, à l’attention, à la réminiscence, & à une imagination qui n’est point à leur commandement ; & que la nôtre a d’autres opérations dont je vais exposer la génération.

§. 44. Il faut appliquer à la contemplation ce que je viens de dire de l’imagination & de la mémoire, selon