Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/247

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la dernière analyse, peut-être trouverions-nous autant de différence entr’elles, que nous en trouvons maintenant entre des métaux de différente espèce.

§. 4. Ce qui rend les idées générales si nécessaires, c’est la limitation de notre esprit. Dieu n’en a nullement besoin ; sa connoissance infinie comprend tous les individus, & il ne lui est pas plus difficile de penser à tous en même temps, que de penser à un seul. Pour nous, la capacité de notre esprit est remplie, non seulement lorsque nous ne pensons qu’à un objet, mais même lorsque nous ne le considérons que par quelque endroit. Ainsi nous sommes obligés, pour mettre de l’ordre dans nos pensées, de distribuer les choses en différentes classes.

§. 5. Des notions qui partent d’une telle origine, ne peuvent être que défectueuses ; &, vraisemblablement, il y aura du danger à nous en servir, si nous ne le faisons avec précaution. Aussi les philosophes sont-ils tombés à ce sujet dans une