Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/36

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une multitude de substances. Le corps, en tant qu’assemblage & collection, ne peut donc pas être le sujet de la pensée.

Diviserons-nous la pensée entre toutes les substances dont il est composé ? D’abord, cela ne sera pas possible, quand elle ne sera qu’une perception unique & indivisible : en second lieu, il faudra encore rejetter cette supposition, quand la pensée sera formée d’un certain nombre de perceptions. Qu’A, B, C, trois substances qui entrent dans la composition du corps, se partagent trois perceptions différentes ; je demande où s’en fera la comparaison. Ce ne sera pas dans A ; puisqu’il ne sçauroit comparer une perception qu’il a avec celles qu’il n’a pas. Par la même raison, ce ne sera ni dans B, ni dans C. Il faudra donc admettre un point de réunion ; une substance qui soit, en même temps, un sujet simple & indivisible de ces trois perceptions ; distincte, par conséquent, du corps ; une ame, en un mot.