Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/79

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§. 22. L’imagination s’aide naturellement de tout ce qui peut lui être de quelque secours. Ce sera par comparaison avec notre propre figure, que nous nous représenterons celle d’un ami absent ; & nous l’imaginerons grand ou petit, parce que nous en mesurerons, en quelque sorte, la taille avec la nôtre. Mais l’ordre & la simétrie sont principalement ce qui aide l’imagination ; parce qu’elle y trouve différens points ausquels elle se fixe, & ausquels elle rapporte le tout. Que je songe à un beau visage, les yeux, ou d’autres traits qui m’auront le plus frappé, s’offriront d’abord ; & ce sera relativement à ces premiers traits, que les autres viendront prendre place dans mon imagination. On imagine donc plus aisément une figure, à proportion qu’elle est plus régulière. On pourroit même dire qu’elle est plus facile à voir ; car le premier coup d’oeil suffit pour s’en former une idée. Si, au contraire, elle est fort irrégulière, on n’en viendra à bout qu’après en avoir longtemps considéré les différentes parties.