§. 23. Quand les objets qui occasionnent les sensations de goût, de son, d’odeur, de couleur & de lumière sont absens ; il ne reste point en nous de perception que nous puissions modifier, pour en faire quelque chose de semblable à la couleur, à l’odeur & au goût, par exemple, d’une orange. Il n’y a point non plus d’ordre, de simétrie, qui vienne ici au secours de l’imagination. Ces idées ne peuvent donc se réveiller qu’autant qu’on se les est rendues familières. Par cette raison, celles de la lumière & des couleurs doivent se retracer le plus aisément ; ensuite celles des sons. Quant aux odeurs & aux saveurs, on ne réveille que celles pour lesquelles on a un goût plus marqué. Il reste donc bien des perceptions dont on peut se souvenir, & dont cependant on ne se rappelle que les noms. Combien de fois même cela n’a-t-il pas lieu par rapport aux plus familières, surtout dans la conversation où l’on se contente souvent de parler des choses sans les imaginer ?