Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/14

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CHAPITRE PREMIER.

Le langage d’action & celui des sons articulés considérés dans leur origine.

§. 1. Tant que les enfans dont je viens de parler ont vécu séparément, l’exercice des opérations de leur ame a été borné à celui de la perception & de la conscience, qui ne cesse point quand on est éveillé ; à celui de l’attention, qui avoit lieu toutes les fois que quelques perceptions les affectoient d’une manière plus particulière ; à celui de la réminiscence, quand des circonstances qui les avoient frappés se représentoient à eux, avant que les liaisons qu’elles avoient formées eussent été détruites ; & à un exercice fort peu étendu de l’imagination. La perception d’un besoin se lioit, par exemple, avec celle d’un objet qui avoit servi à les soulager. Mais ces sortes de liaisons, formées par hasard & n’étant pas