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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/15

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entretenues par la réflexion, ne subsistoient pas long-temps. Un jour, le sentiment de la faim rappelloit à ces enfans un arbre chargé de fruits, qu’ils avoient vu la veille : le lendemain, cet arbre étoit oublié, & le même sentiment leur rappelloit un autre objet. Ainsi l’exercice de l’imagination n’étoit point à leur pouvoir ; il n’étoit que l’effet des circonstances où ils se trouvoient[1].

§. 2. quand ils vécurent ensemble, ils eurent occasion de donner plus d’exercice à ces premières opérations ; parce que leur commerce réciproque leur fit attacher aux cris de chaque passion les perceptions dont ils étoient les signes naturels. Ils les accompagnoient ordinairement de quelque mouvement, de quelque geste ou de quelque action, dont l’expression étoit encore plus

  1. Ce que j’avance ici sur les opérations de l’Ame de ces Enfans ne sauroit être douteux, après ce qui a été prouvé dans la première Partie de cet Essai. Sect. 2. ch. 1. 2. 3. 4. 5. & Sect. 4.