Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/28

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Ce besoin est éloigné. Par cette raison, il ne donne pas à une chose la même valeur qu’un besoin présent. Celui-ci fait sentir qu’actuellement la chose est absolument nécessaire, et l’autre fait seulement juger qu’elle pourra le devenir. On se flatte qu’elle ne le deviendra pas ; et dans cette prévention, comme on est porté à ne pas prévoir le besoin, on l’est aussi à donner moins de valeur à la chose.

Le plus ou moins de valeur, l’utilité étant la même, seroit uniquement fondé sur le degré de rareté ou d’abondance, si ce degré pouvoit toujours être connu avec précision ; et alors on auroit la vraie valeur de chaque chose.

Mais ce degré ne sauroit jamais être connu. C’est donc principalement dans l’opinion que nous en avons qu’est fondé le plus ou moins de valeur.

En supposant qu’il manque un dixième du blé nécessaire à la consommation de notre peuplade, les neuf dixièmes n’auroient