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Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/13

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d’être, qu’elle ne doit qu’à elle-même. Il lui paroît tout naturel d’être tantôt une odeur, tantôt une autre : elle n’imagine pas que les corps y puiſſent contribuer : elle ne leur connoît que les qualités, que le tact ſeul y fait découvrir. Elle eſt deux êtres différens. La voilà tout-à-la-fois deux êtres bien différens : l’un, qu’elle ne peut ſaiſir, & qui paroît lui échapper à chaque inſtant ; l’autre, qu’elle touche, & qu’elle peut toujours retrouver.

Elle commence à ſoupçonner que les odeurs lui viennent des corps. Portant au haſard la main ſur les objets qu’elle rencontre, elle ſaiſit une fleur qui lui reſte dans les doigts. Son