Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/242

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que les objets paroiſſent aujourd’hui m’enlever ? Qu’eſt-ce que cette étendue, que je découvre en moi, & au-delà ſans bornes ? Ne ſeroit-ce que différentes manieres de me ſentir ? Avant que la vue me fût rendue, l’eſpace des cieux m’étoit inconnu : avant que j’euſſe l’uſage de mes membres, j’ignorois qu’il y eût quelque choſe hors de moi. Que dis-je ! Je ne ſavois pas que je fuſſe étendue : je n’étois qu’un point, lorſque j’étois réduite au ſentiment uniforme. Quelle eſt donc cette ſuite de ſentimens, qui m’a fait ce que je ſuis ; & qui