Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/243

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peut-être a fait ce qu’eſt à mon égard tout ce qui m’environne ? Je ne ſens que moi, & c’eſt dans ce que je ſens en moi, que je vois au-dehors : ou plutôt je ne vois pas au-dehors ; mais je me ſuis fait une habitude de certains jugemens, qui tranſportent mes Senſations où elles ne ſont pas.

Au premier moment de mon exiſtence, je ne ſavois point ce qui ſe paſſoit en moi ; je n’y démêlois rien encore ; je n’avois aucune conſcience de moi-même ; j’étois, mais ſans deſirs, ſans crainte, je jouiſſois à peine de moi : & ſi j’euſſe continué d’exiſter de la ſorte, je n’aurois