Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/246

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donc que ce moi variât à chaque inſtant, au haſard de ſe changer ſouvent contre un autre, où il m’eſt douloureux de me retrouver.

Plus je compare mes manieres d’être, plus la jouiſſance ou la ſouffrance m’en eſt ſenſible. Le plaiſir & la douleur continuent à l’envi d’attirer mon attention : l’un & l’autre développent toutes mes facultés : je ne me fais des habitudes, que parce que je leur obéis ; & je ne vis plus que pour deſirer ou pour craindre.

Elle ſe rappele comment elle a découvert ſon corps & d’autres objets. Mais bientôt je ſuis à-la-fois de pluſieurs manieres. Accoutumée à les remarquer, lorſqu’elles ſe ſuccedent, je les remarque