Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/250

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faire à toute occaſion de nouvelles idées. Elle ſe rappele comment le toucher inſtruit les autres ſens. Pourrois-je avoir d’autres facultés que celles de me mouvoir & de manier des corps ? Je ne l’imaginois pas ; car j’avois totalement perdu le ſouvenir de ce que j’ai été. Quelle fut donc ma ſurpriſe, lorſque je me retrouvai ſon, ſaveur, odeur, lumiere & couleur ! Bientôt il me ſemble que je me ſuis laiſſé ſéduire à une illuſion, que le toucher paroît diſſiper. Je juge que toutes ces manieres d’être me viennent des corps ; & je me fais une ſi grande habitude de les ſentir, comme ſi elles y étoient en effet, que j’ai peine à croire qu’elles