Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/58

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ne voyent point double. Chacun fixe l’objet que la main ſaiſit, chacun rapporte les couleurs à la même diſtance, au même lieu ; & comme le renverſement de l’image ne leur empêche pas de voir un objet dans ſa vraie ſituation, la même image, quoique double, ne leur empêche pas de le voir ſimple. La main les force à juger d’après ce qu’elle ſent en elle-même. En les obligeant de rapporter au-dehors les Senſations qu’ils éprouvent en eux ; elle les leur fait rapporter à chacun ſur l’unique objet qu’elle touche, & au ſeul endroit même où elle le touche. Il n’eſt donc pas naturel qu’ils le voient double.

Ils jugent des grandeurs.