marqué les diverses phases. Citerait-on, par
exemple, aucune nation ancienne ou moderne,
chez laquelle des victimes des deux sexes et de
tous les partis aient fait preuve, au pied de
l’échafaud, d’autant de résignation, de force
de caractère, de détachement de la vie qu’en
ont montré nos malheureux compatriotes ? Il
ne faut pas non plus oublier l’empressement
intrépide que mirent tant d’honorables citoyens
à secourir, à sauver, à quêter même des proscrits.
Cette dernière réflexion me ramène à Condorcet
et à la femme admirable qui le cacha
pendant plus de neuf mois.
On pouvait supposer que Condorcet n’avait pas exactement mesuré toute la gravité, toute la portée de l’écrit qu’il publia après l’adoption de la constitution de l’an II. Le doute, maintenant, ne serait plus permis. Ce qui s’était offert à l’esprit du député de l’Aisne comme un devoir, il l’accomplit en présence du plus imminent danger. J’en ai découvert une preuve irrécusable : la publication de l’Adresse aux citoyens français sur la nouvelle constitution coïncida