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CXXXIII
DE CONDORCET.


avec les démarches qui assurèrent une retraite à l’auteur.

Dans l’atmosphère politique, aussi bien que dans l’atmosphère terrestre, il y a des signes avant-coureurs des orages, que les personnes exercées saisissent du premier coup d’œil, malgré ce qu’ils offrent d’indécis.

Condorcet, son beau-frère Cabanis, leur ami commun Vic-d’Azir, ne pouvaient s’y tromper. Après sa manifestation publique au sujet de la constitution de l’an II, la mise en accusation de l’ancien secrétaire de l’Académie des sciences était inévitable ; la foudre allait éclater sur sa tête ; il fallait sans retard chercher un abri.

Deux jeunes amis de Cabanis et de Vic-d’Azir, qui, depuis, ont été l’un et l’autre des membres distingués de cette Académie, MM. Pinel et Boyer, songèrent au numéro 21 de la rue Servandoni, où ils avaient demeuré.

Cette maison, d’environ 2,500 francs de revenu, ordinairement occupée par des étudiants, appartenait à la veuve de Louis-François Vernet, sculpteur, et proche parent des grands peintres. Madame Vernet, comme son mari, était née en Provence. Elle avait le cœur chaud,