Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CXXXIV
BIOGRAPHIE


l’imagination vive, le caractère franc et ouvert ; sa bienfaisance touchait à l’exaltation. Ces qualités excluent les détours et les longues négociations. Madame, lui dirent MM. Boyer et Pinel, nous voudrions sauver un proscrit. — Est-il honnête homme, est-il vertueux ? — Oui, madame. — En ce cas, qu’il vienne ! — Nous allons vous confier son nom. — Vous me l’apprendrez plus tard ; ne perdez pas une minute : pendant que nous discourons, votre ami peut être arrêté !

Le soir même, Condorcet confiait sans hésiter sa vie à une femme dont, peu d’heures auparavant, il ignorait l’existence.

Condorcet n’était pas le premier proscrit que recevait le n° 21 ; un autre l’y avait précédé. Madame Vernet ne consentit jamais, au sujet de cet inconnu, à satisfaire la bien légitime curiosité de la famille de notre confrère. Même en 1830, après un laps de temps de trente-sept années, ses réponses aux questions pressantes de madame O’Connor ne dépassaient pas de vagues généralités. Le proscrit, disait-elle, était grand ennemi de la révolution ; il manquait de fermeté, s’effrayait des moindres bruits de