Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
22
CORRESPONDANCE


dans mes paperasses la mauvaise plaisanterie sur les comètes [1], je ne l’ai point trouvée. On dit qu’il y en a deux ; l’une de moi, l’autre que je ne connais pas : mais, dans l’état où je suis, souffrant continuellement, et près de quitter ce petit globe, je dois prendre peu d’intérêt à ceux qui roulent comme nous dans l’espace, et avec qui probablement je ne serai jamais en liaison.

Il est vrai que, dans les intervalles que mes maladies me laissent quelquefois, je m’amuse à la poésie, que j’aime toujours, quand ce ne serait que pour donner un os à ronger à Clément et à Sabotier ; mais j’aime mieux votre prose que tous les vers du monde. Ce que j’aime autant que votre prose, c’est votre personne. Jamais les belles-lettres et la philosophie n’ont été si honorées que par vous.

Agréez, Monsieur, le tendre respect du vieux malade de Ferney.


16. A CONDORCET


24 décembre 1773.


Vous m’avez fait passer, Monsieur, un quart d’heure bien agréable ; cela ne m’arrive pas souvent. J’aime mieux voir Alexis Fontaine dans votre ouvrage [2] qu’en original. Je l’ai entrevu autrefois ; il fît un voyage de sa terre à Paris sur un âne, comme les prophètes juifs ; son porte-manteau était tout chargé d’XX que

  1. Lettre sur la prétendue comète ; Voltaire, tome XLVII.
  2. Voyez l’éloge de Fontaine, tome II, page 139.