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CORRESPONDANCE


tinuez, Monsieur, à protéger la raison, qui est toujours persécutée en plus d’un genre. Le petit troupeau des gens qui pensent n’en peut plus. Vous savez qu’il y a des gens puissants qui ressemblent au docteur Balouard. Ce docteur ne voulut jamais d’autre valet que le balourd Arlequin, parce qu’il s’imaginait qu’Arlequin ne pourrait jamais découvrir ses turpitudes, et il se trompa : des gens d’esprit l’auraient beaucoup mieux servi qu’un sot. Puissiez-vous, avec M. D’Alembert, détromper le docteur Balouard ; peut-être à vous deux formerez-vous un nouveau siècle. Je quitterai bientôt le mien en vous regrettant tous deux, et en emportant dans le néant ma très respectueuseamitié pour vous.

V.


17. A CONDORCET.


A Ferney, 25 février 1774.


Le vieux malade, Monsieur, plus vieux et plus malade que jamais, piesque aussi sourd que la Condamine, presque aussi aveugle que madame du Deffant, vous écrit tout uniment par la poste comme vous l’avez voulu, et comme vous avez eu raison de le vouloir. La voie dont il se servait [1] était trop dangereuse. Vous me l’avez dit, et je l’ai bien éprouvé.

Je vous dois mille remercîments. J’en ai dit quelque chose à votre digne confrère en secrétariat, mais je n’ai pas osé lui expliquer tout le problème. Je

  1. L’intermédiaire de Marin.