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CORRESPONDANCE


pour avoir dit qu’elle était une p....., et cela dix-huit siècles après qu’elle eut cessé de l’être, comme on avait exilé des gens pour avoir dit la même chose des maîtresses de quelques rois ? On a cru devoir proportionner la peine à la dignité de l’amant, et que la mort n’était pas trop pour qui oserait médire de la maîtresse du bon Dieu.

Adieu, mon cher et illustre maître ; vivez pour voir des jours heureux et pour les célébrer, car on espère que sainte Antoinette de Lorraine réparera l’énorme sottise de sainte Clotilde.


23. A CONDORCET.


12 auguste 1774.


Je ne vous écris aujourd’hui, Monsieur le Secrétaire, ni sur les sciences et les beaux-arts, qui commencent à vous devoir beaucoup, ni sur la liberté de conscience, dont on a voulu dépouiller ces beaux-arts, qui ne peuvent subsister sans elle.

Vous avez rempli mon cœur d’une sainte joie quand vous m’avez mandé que le roi avait répondu aux pervers qui lui disaient que M. Turgot est encyclopédiste : Il est honnête homme et éclairé, cela me suffit.

Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ? Savez-vous, et M. Bertrand [1] sait-il que le poëte Kien-long, empereur de la Chine, en avait dit autant il y a quelques années ? Avez-vous

  1. D’Alembert.