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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/272

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CORRESPONDANCE


san [1]. Il n’y a pas le sens commun dans toute cette équipée. On ne sait ce qu’ils veulent ; ils frappent à droite et à gauche, bien ou mal, à propos ou sans propos. Il n’y a de clair dans ces deux épitres que l’envie de se faire de fêle.

J’ai eu beau mander à M. de Tressan [2] que je ne suis point le chevalier de Morton ; que je n’ai jamais vanté les soupers du prétendu Épicure-Stanislas, qui était très-loin de ressembler à Épicure, et qui n’a jamais donné de souper à personne.

J’ai eu beau lui répéter deux fois que les prétendus vers composés dans ces soupers ne pullulaient point dans les cours de l'Europe.

J’ai dit en vain qu’on ne déchire pas l’enveloppe des infiniment petits.

J’ai représenté inutilement que je ne fais point de vers semblables à ceux-ci :

Louis voulait régner ; il ne se trompa guère.
Un prince avec les arts mène un peuple en lisière.

J’ai voulu lui faire sentir combien il est ridicule

  1. Il avait publiquement attribué à Voltaire une Épître au comte de Tressan sur ces pestes publiques qu’on appelle philosophes. L’épître était de Cubières ; mais la vanité de M. de Tressan trouvait mieux son compte à se tromper. Il riposta par une épître qui débute par cette exclamation :
    O Voltaire ! ô mon maître ! ô mon illustre ami !
    Cette ridicule méprise causa beaucoup de chagrin à Voltaire. Voyez sa lettre du 22 mars 1775 à M. de Tressan ; à Cubières Palmezeaux, du 26 avril, et au duc de Richelieu, du 27 avril.
  2. Dans une lettre du 22 mars 1775.