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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


que les gens éclairés et vertueux ne sont pas propres au gouvernement, et l’univers demeurera condamné aux ténèbres et au malheur.

Adieu, je vous embrasse, ne craignez rien, espérez et aimez-moi un peu.


59. A CONDORCET.


5 juin 1776.


Je vous supplie, mon vrai philosophe, de me dire quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur ; je ne sais que quomodo et quando [1]. Vous et moi nous sommes bien affligés, et une de mes douleurs est de mourir sans vous voir.

Écrivez-moi, je vous en conjure, par votre digne ami M. de Vaines.

Le vieux malade de F.....

V.


60. A VOLTAIRE.


Ce mercredi, 1776.


Je ne vous ai point écrit, mon cher et illustre maître, depuis l’événement fatal [2] qui a ôté à tous les honnêtes gens l’espérance et le courage. J’ai attendu que ma colère fût un peu passée, et qu’il ne me restât plus que de l’affliction. Cet événement a changé pour moi toute la nature. Je n’ai plus le même plaisir à regarder ces belles campagnes où il eût fait naître le bonheur. Le spectacle de la gaîté du

  1. Ce que Voltaire désire savoir, ce sont les circonstances du renvoi de Turgot, qui quitta le ministère le 11 mai 1776 ; il fut remplacé par M. de Clagny.
  2. Le renvoi de Turgot, qui avait eu lieu le 11mai 1776.