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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


le parlement de Bordeaux, et le comte de Périgord, à qui on a donné la place de M. de Beauvau, part demain pour casser celui de Toulouse. Je vous envoie par ce courrier les discours qui ont eu le prix et l’accessit, la pièce de vers couronnée et une autre. Je ne vous dis rien de la santé de mademoiselle de l’Espinasse ; elle ne sent rien depuis hier qu’elle a appris le malheur de ses amis, et ne sent pas si elle est mieux ou moins bien. Ses douleurs sont, à ce qu’elle croit, un peu diminuées. Je vous écrirai à Clermont dimanche prochain, et je vous manderai où nous en serons : nous avons encore pour demain une légère espérance ; mais elle est faible. Je n’ai jamais senti comme aujourd’hui le malheur d’être pauvre, sans place, sans crédit. Je haïssais les persécuteurs et ceux qui assassinaient légalement : il faut donc haïr aussi les chefs de bureau ! je m’étais jusqu’ici borné à les mépriser.

Adieu, Monsieur ; pardonnez-moi de ne vous parler que de cette seule chose. J’ai eu par mademoiselle de l’Espinasse des nouvelles de votre santé : elle vous permet de voyager ; mais ce n’est point pour venir nous revoir et nous consoler.


18. A TURGOT.


Ce mardi, 3 septembre 1771.


Monsieur, nous n’espérons plus pour nos amis [1] qu’une pension de mille écus chacun. Il n’y a rien

  1. M. et Mme Suard. Le roi avait retiré à M. Suard le privilège de la Gazette.