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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.



21. A TURGOT.


Paris, mardi 19 mai 1772.


Monsieur, moins de nouvelles, moins de sottises, dit Friport [1] ; mais nous avons ici beaucoup de sottises et point de nouvelles. Le maréchal de Richelieu a été à l’Académie samedi dernier pour dire qu’il n’avait eu aucune part aux exclusions [2] ; il a répondu au recteur de l’Université qu’il serait toujours disposé à servir l’abbé Delille dans la suite ; qu’il s’était trompé sur son âge, et qu’on lui avait dit qu’il n’avait que vingt-huit ans. Chabanon s’est retiré. Le mystère de l’élection est impénétrable, et le laurier académique, flétri, comme celui de Mahon, par les intrigues du maréchal, ne peut se placer que sur une tête indifférente pour moi ; je ne tenterai point de le pénétrer. On donne demain la Crue/le, tragédie de Du Belloy [3]. Mademoiselle Dubois joue le premier rôle avec les talents que vous connaissez. M. de La Harpe lui disait un jour :

Vous avez corrompu tous les dons précieux
Que pour un autre usage ont mis en vous les dieux.

Mon affaire du secrétariat [4] va assez bien. M. de

  1. Dans l'Écossaise.
  2. De Suard et de Delille, dont le roi avait refusé de sanctionner l’élection, parce que le premier était en disgrâce de la cour, et le second trop jeune.
  3. Pierre le Cruel.
  4. De l’Académie des sciences.