Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
198
CORRESPONDANCE


Trudaine l’a prise avec intérêt ; je crois que je vous en dois la plus grande partie. Adieu, Monsieur ; mademoiselle de l’Espinasse vous dit mille choses tendres. Nous sommes tous comme vous nous avez laissés, vous aimant beaucoup et n’aimant guère les choses de la vie.


22. A TURGOT.


Dimanche, 24 mai 1772.


Monsieur, l’Académie française a élu hier M. de Bréquigni et M. Bauzée : ils ont vingt et une voix sur vingt-quatre. Le directeur a proposé d’arrêter que chaque académicien emploierait son crédit particulier pour obtenir du roi la levée de l’exclusion, et la permission de concourir pour MM. Delille et Suard [1]. Celte proposition a été unanimement adoptée.

Les comédiens français viennent de renvoyer leur perruquier en faisant une pension à sa femme. Le maréchal de Richelieu leur a envoyé ordre de le reprendre : sur cet ordre, Brizard a été député au maréchal, et lui a dit qu’il aimerait mieux porter sa tête sur un échafaud que de permettre à cet homme de toucher ses cheveux… Enfin, M. de Duras, dont l’esprit conciliateur est bien connu, s’est mêlé de l’affaire, et il a été décidé que les comédiens seraient libres de se faire friser par qui ils voudraient. Pierre le Cruel a été sifflé mercredi pendant trois heures ; les comédiens voulaient le redonner, mais avec des

  1. Voyez la lettre précédente.