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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


tion réprouvée par la nature et condamnée par la raison.

Vous daignerez, Sire, employer quelques-uns de vos moments à faire valoir auprès de la diète de Pologne les avantages de l’adoption générale du plan que l’Assemblée nationale de France a formé.

L’Europe voit aujourd’hui un spectacle nouveau dans l’histoire du monde : deux rois occupés de fonder sur les seuls principes de la justice naturelle, une constitution vraiment libre et renfermant en elle-même les germes de son perfectionnement. Aucun sacrifice d’autorité ou de prérogative ne leur a coûté dès qu’il leur a paru utile à des vues si grandes et si généreuses. On a vu souvent des rois élus prodiguer tous les artifices de la politique, tous les moyens de l’ambition pour assurer à leur famille un sceptre indépendant de la volonté publique ; il était réservé à Votre Majesté d’en montrer un occupé d’établir l’hérédité pour le seul intérêt du peuple, et donnant l’exemple du désintéressement le plus pur dans ce qui avait été avant lui le dernier terme de l’ambition humaine.

Je supplie Votre Majesté d’agréer l’hommage de la reconnaissance que je dois à toutes les marques d’intérêt et de bonté dont elle m’a comblé.

Je suis avec le plus profond respect. Sire, de Votre Majesté le très-humble et très-obéissant serviteur.

Signé : CONDORCET.