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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/562

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DIALOGUE

ferait celle des esclaves. Ils vantent sa puissance et la terreur qu’il inspire ; ils lui peignent les méchants ligués contre lui, mais contenus, malgré leur fureur, par sa vigilance et la sévérité de sa justice. Alors il s’irrite, il n’est occupé qu’à rechercher des coupables et des supplices, qu’à imaginer de nouvelles persécutions. Il paraît agité par les furies. Seul libre au milieu de sa cour, je suis le seul qu’il croie sans intérêt de lui nuire ; il me confie sa fureur et son effroi. Seigneur, lui dis-je, toutes ces précautions avertissent les Syracusains que vous croyez mériter leur haine, elle leur feront croire. Craignez de les augmenter assez, ces précautions, pour qu’un homme de cœur puisse trouver de la gloire à les tromper. Ce ne sont point vos gardes qui vous défendent, c’est votre nom ; on respecte en vous le libérateur et le vengeur de la Sicile, le protecteur des arts, qui a rendu Syracuse la rivale d’Athènes. Ce sont ces titres honorables qui font votre sûreté. Denys alors appelle dans son palais des hommes éclairés et vertueux ; il s’adoucit dans leur société ; il s’indigne que les Carthaginois aient encore des places dans la Sicile ; il s’occupe des moyens de les en chasser, et laisse respirer Syracuse.

DIOGÈNE.

Mais Démarate et Agathocle, qu’il a bannis, disent que vous avez insulté à leur malheur ; ils remplissent la Grèce de leurs plaintes et de la bassesse d’Aristippe.

ARISTIPPE.

Lorsque Démarate et Agathocle furent bannis, les