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DISCOURS


prit humain, et, portant à la fois sur tous les objets soumis à notre intelligence, sa philosophie audacieuse et hardie assura pour toujours à la raison ses droits et son indépendance. Il eut l’idée heureuse d’appliquer l’algèbre à la géométrie, de perfectionner l’une par l’autre, et, ce qui est plus encore, de montrer, par ce grand exemple, que tout ce qui est susceptible de suivre des lois régulières peut être soumis au même calcul, à celui de la grandeur, en général, ou des rapports abstraits des nombres ; idée grande et féconde à laquelle les sciences mathématiques ont dû tous leurs progrès. Mais Descartes quitte son pays pour éviter la persécution qui le suit en Hollande, et l’oblige d’aller chercher une mort prématurée au milieu des glaces du Nord, dans le palais de Christine, seul asile que la philosophie eût alors en Europe.

L’imagination ardente de Descartes l’entraîna dans un grand nombre d’erreurs ; mais, pour combattre la foule de ses sectateurs, il fallut employer les armes qu’il avait données à la raison, et il ne fut corrigé que par des hommes qui lui devaient toutes leurs lumières.

Il avait cherché le premier les lois du choc des corps ; mais il ne réussit qu’à en trouver une, et se trompa sur les autres. Huyghens, son disciple, les découvrit toutes. A la théorie du mouvement dans la parabole, donnée par Galilée, il ajouta celle du mouvement dans le cercle, trouva les lois des oscillations des pendules, et, par sa théorie des développées, montra comment toutes les courbes pouvaient