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DISCOURS SUR L’ASTRONOMIE


ciel, détruisait à la fois les chimères anciennes des écoles et les chimères du cartésianisme, que la moitié de l’Europe craignait encore d’admettre comme des vérités trop nouvelles. L’autre, en paraissant ne combattre qu’une terreur populaire, a eu l’art de frapper du même coup toutes les tètes alors si nombreuses de cette hydre des préjugés, qui n’a cessé de dévorer des hommes depuis des temps même antérieurs à ceux où commence pour nous leur histoire [1].

Newton appliqua ensuite son principe au mouvement des astres, en ayant égard à leur attraction mutuelle, au changement qui en résulte dans leurs orbites ; aux effets que doit produire l’attraction inégale du soleil et de la lune sur le fluide qui recouvre notre globe, c’est-à-dire, aux phénomènes des marées ; aux lois de l’équilibre des corps mobiles placés sur un globe qui est animé en même temps d’un mouvement de rotation, c’est-à-dire à la figure de la terre et à la durée des vibrations d’un pendule aux différentes latitudes ; enfin aux irrégularités de ce mouvement de rotation, lorsque les forces attractives ne s’exercent pas sur un astre d’une manière symétrique. La solution de la plupart de ces dernières questions n’était pas complète, et, en les résolvant par des méthodes plus sûres, on pouvait être conduit ou à la confirmation delà loi que Newton avait établie, ou à la nécessité de la modifier et de la changer. Mais bien-

  1. Ce parallèle est inséré dans les Quatre saisons du Parnasse, Hiver, 1806 ; p. 300.