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DISCOURS SUR L’ASTRONOMIE


aux applications de ce calcul, qui nous ont paru les plus piquantes ou les plus utiles, en ayant soin de faire plus souvent usage du raisonnement que de l’algèbre, d’être très-courts sur les méthodes mathématiques, mais d’en développer les résultats.

Les jeux de hasard et les loteries se présentent d’abord ; c’est le cas le plus simple, puisque le nombre des combinaisons possibles est connu et fini, et que la probabilité de chacune est déterminée. Mais on ne trouve, dans cette première application, qu’une seule espèce d’utilité, celle de prouver combien sont vaines toutes les espérances dont ceux qui se livrent à ces jeux sont trop souvent les dupes et les victimes : peut-être un géomètre, en démontrant le ridicule de leurs spéculations, fera-t-il plus d’effet qu’un moraliste qui en exposerait les suites désastreuses. Le meilleur moyen sans doute de détruire les vices serait de démontrer qu’ils sont des erreurs ; on est plus sur de faire rougir les hommes de leur ignorance que de leur corruption. D’ailleurs il existe en Europe un grand nombre de loteries publiques ; et les amis, de l’humanité, après avoir vainement cherché à éclairer les gouvernements sur le danger de cette funeste ressource, ne doivent pas renoncer même à la plus faible espérance de dégoûter les particuliers de se livrer à ces ruineuses spéculations.

Nous traiterons ensuite des probabilités de la vie humaine, des moyens que donnent les tables de mortalités pour assujettir au calcul, soit ces rentes viagères où l’on sacrifie si souvent à la jouissance du