Dans les premiers âges des sciences, un seul homme les cultive à la fois ; mais elles restent isolées ; car on ne doit placer qu’au nombre des rêves scientifiques ces chimériques rapprochements, alors enfantés par quelques imaginations ardentes. Au contraire, lorsque leurs progrès forcent les savants à s’en partager les diverses branches, on voit s’établir entre elles des lignes de communication, et l’application d’une science à une autre en devient souvent la partie la plus utile ou la plus brillante.
Cette application exige, non-seulement que chacune des deux sciences ait atteint une certaine étendue, mais que chacune aussi soit assez répandue pour qu’il se trouve des hommes qui, les possédant toutes deux à la fois, puissent en parcourir la double carrière d’un pas égal et sûr.
L’application du calcul aux sciences morales et politiques n’a donc pu naître qu’à l’époque où les
- ↑ Journal d’Instruction sociale des 22 juin et 6 juillet 1795.