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TABLEAU GÉNÉRAL
DE
LA SCIENCE,


QUI A POUR OBJET


L’APPLICATION DU CALCUL AUX SCIENCES POLITIQUES ET MORALES [1].


Séparateur


Dans les premiers âges des sciences, un seul homme les cultive à la fois ; mais elles restent isolées ; car on ne doit placer qu’au nombre des rêves scientifiques ces chimériques rapprochements, alors enfantés par quelques imaginations ardentes. Au contraire, lorsque leurs progrès forcent les savants à s’en partager les diverses branches, on voit s’établir entre elles des lignes de communication, et l’application d’une science à une autre en devient souvent la partie la plus utile ou la plus brillante.

Cette application exige, non-seulement que chacune des deux sciences ait atteint une certaine étendue, mais que chacune aussi soit assez répandue pour qu’il se trouve des hommes qui, les possédant toutes deux à la fois, puissent en parcourir la double carrière d’un pas égal et sûr.

L’application du calcul aux sciences morales et politiques n’a donc pu naître qu’à l’époque où les

  1. Journal d’Instruction sociale des 22 juin et 6 juillet 1795.