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DE LA SCIENCE, ETC.


rent aussi une valeur réelle, parce qu’ils deviennent alors utiles pour faciliter les échanges.

Enfin, dans un état de société plus avancé, on a pris des métaux susceptibles de divisions exactes, homogènes, se trouvant partout les mêmes, le restant en tout temps, ayant une valeur réelle, puisqu’ils servent à d’autres usages, et en prenant une plus grande, à raison de la nouvelle utilité qu’ils acquièrent, lorsqu’on les emploie comme mesure commune des échanges.

Mais si cette mesure commune est de la même nature dans divers pays et dans divers temps, quels résultats réels peut-on tirer des rapports de valeurs que la connaissance des prix peut faire connaître ?

Si, par exemple, je sais que l’on a dans la Chine un quintal ou seize cents onces de riz pour une once d’argent, et que l’on aurait, en Europe, deux onces d’argent pour la même quantité de riz, j’en puis conclure qu’un tel poids de riz vaut seize cents fois moins en Chine, et seulement huit cents fois moins en France, qu’un égal poids d’argent.

J’en tire ensuite la conséquence pratique qu’il y a du profit à envoyer de l’argent en Chine, pour en faire venir du riz.

De même, si on avait à Athènes une certaine mesure de farine pour une once d’argent, et que la même mesure en coûtât deux en France aujourd’hui, on pourrait en conclure que le rapport de valeur de poids égaux de farine et d’argent a doublé depuis cette époque.

Mais c’est là que ces conséquences s’arrêtent, et