on verra ce que cette dernière balance, la seule sur
laquelle on ait recueilli des faits, peut réellement
exprimer, et quelles erreurs ont commises la plupart
de ceux qui se sont occupés de cet objet.
Ici la principale utilité de l’application du calcul sera de montrer que l’on a trop souvent adopté, comme des vérités absolues et précises, plusieurs principes qui, susceptibles d’exceptions, et même de modifications, ne sont vrais qu’en général, et ne conduiraient même pas à des résultats suffisamment approchés ; car presque toujours on a raisonné sur ces objets à peu près comme si, dans le calcul d’une grande machine hydraulique, on se bornait à la simple application des principes généraux de la mécanique. Ce sera encore de faire voir que souvent on a oublié d’avoir égard, dans le raisonnement, à des données qu’il ne pouvait être permis de négliger, et qu’enfin, dans cette masse d’opérations exercées, d’une manière indépendante, par un grand nombre d’hommes, et dirigées par l’intérêt, par l’opinion, pour ainsi dire, par l’instinct de chacun d’eux, on a supposé un ordre, une régularité, dont elles n’étaient pas susceptibles.
Jusqu’ici nous n’avons considéré les nations que comme des collections d’hommes occupés de leurs intérêts ou de leurs travaux.
Il nous reste à les considérer comme un corps dont le pacte social a fait, en quelque sorte, un individu moral.
Sous ce point de vue, la défense commune, maintien de la sûreté, de la propriété, les travaux,