Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/800

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
598
FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


trésor public étaient à la nomination d’électeurs populaires, et restituables par l’Assemblée nationale seule ; l’administration des postes était absolument soustraite à l’influence du ministère. Par un autre, l’Assemblée, dans le cas où elle aurait déclaré que la tranquillité publique était menacée, se serait trouvée investie du pouvoir de suspendre tous les fonctionnaires publics, même les ministres et les généraux ; de soumettre les classes d’hommes suspects à la déportation ou à la réclusion. Les corps administratifs auraient eu celui de s’assurer des personnes prévenues de conspiration contre l’État ; les décrets déclarés nécessaires à la sûreté publique devaient être acceptés ou rejetés dans un très-court intervalle ; quelques autres précautions étaient prises contre les ministres qui auraient osé conseiller des veto. Enfin on aurait préparé le peuple à l’idée de la nécessité d’une Convention nationale. Mais la lenteur des travaux dans un comité, et l’impossibilité où était un membre particulier de l’Assemblée de faire adopter un système de mesures, rendit impossible l’exécution de ces idées. Tout annonçait cependant une révolution, et le respect avec lequel le peuple s’était gaiement contenu dans les limites de l’étroite terrasse des Tuileries ; cette barrière de ruban, que personne n’osait violer ; celle inscription si énergique : On brise les fers d’un tyran, on respecte un simple ruban, tout montrait, à tout homme dont le royalisme ne fermait pas les yeux, que l’explosion serait terrible.

Je n’ai point à me reprocher de n’avoir pas averti,