Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/151

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sur le préjugé, etc.

Le séjour de ces personnages riches ou accrédités doit devenir celui des arts et du luxe, et le séjour des arts et du luxe est celui des hommes qui ont une fortune indépendante, et qui veulent en jouir.

Dans une grande ville, occupée d’affait es importantes, la vie privée est nécessairement plus libre, et c’est un nouvel attrait. Mais dans ce séjour des arts et du luxe, où l’on consomme nécessairement beaucoup de superfluités, le talent de les préparer avec agrément, avec recherche, doit être en honneur : la capitale doit donc avoir un commerce d’objets de luxe, el en fournir toutes les parties de l’empire où l’on veut imiter son goût. La capitale d’un grand empire sera donc nécessairement une très-giande ville ; son étendue, sa population, sa magnificence, seront donc proportionnées à la population, à la richesse de l’empire. Se plaindie de ce que la capitale est grande, c’est se plaindre d’une conséquence infaillible de l’existence d’une capitale ; conséquence qui ne pourrait s’éviter que par des lois contraires à la liberté. Mais est-ce un mal que les grandes capitales ? INon, sans doute, lorsque la nature seule en fixe l’étendue, lorsque l’on n’y traite que les affaires qui doivent être communes à tout l’empire, lorsqu’on n’y place que les établissements qui doivent en occuper le chef-lieu.

Ne faites rien contre la capitale : vous agiriez inutilement, et ce que vous feriez contre elle retomberait sur les provinces ; ne faites rien pour elle, elle n’y gagnerait pas, et les provinces y perdraient.

On ne proposera pas sans doufe de faire voyager