Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/155

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sur le préjugé, etc.

a plus de lumières ; plus sûre, parce qu’il y a plus d’expérience ; plus pure, parce que la prospérité des citoyens y dépend surtout de la paix et de la liberté.

Après avoir montré que les grandes capitales ne sont point un mal en elles-mêmes, il se présente trois questions à examiner.

1o En ne supposant que des lois égales et justes, les intérêts de la capitale et ceux des provinces sont-ils opposés ?

2o Les lois qui, faites en faveur de la capitale, nuiraient aux provinces, seraient-elles vraiment utiles à la capitale ?

3o Résulterait-il du bien pour les provinces de lois nuisibles à la capitale ?

I. Depuis les pays peu étendus où tous les pouvoirs peuvent conserver une unité absolue, jusqu’à ceux où des États indépendants ne reconnaissent de pouvoir unique que celui qui règle les relations extérieures, qui dirige et emploie la force nécessaire pour la défense commune, on peut exécuter de mille manières différentes cette division entre les droits que réservent les parties séparées d’un même tout, et ceux qu’elles confient à une puissance commune ; et moins les parties séparées en auront conservé pour les exercer par elles-mêmes, plus la capitale doit être grande.

Mais il n’est pas de son intérêt de réunir ces pouvoirs, si, en les divisant, ils doivent être exercés avec plus de justice, d’ordre, d’activité ; car l’intérêt de chaque citoyen est de jouir de la sûreté, de la liberté, de la paix, de n’avoir rien à craindre pour sa