Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/157

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sur le préjugé, etc.

importantes, est à la fois un moyen d’augmenter la masse des lumières, d’éclairer les citoyens qui exercent les fonctions publiques, et de surveiller tous les pouvoirs. Elle est nécessaire pour donner aux esprits et aux âmes de l’activité et de l’énergie, pour les préserver de cette inflexibilité et de cette âpreté que l’on contracte dans la solitude.

Dans quelque genre que ce soit, l’homme qui ne connaît que ses propres idées, qui ne suit qu’elles, n’est pas tout ce qu’il peut être ; il lui manque le commerce de ses égaux ; et à un certain degré de connaissance et de talent, cette égalité ne peut se trouver que dans le centre commun.

La perfection des arts, qui n’existe que dans les grandes capitales, ou pour elles, peut être regardée comme un bien général. Les ouvrages d’un usage vulgaire n’atteignent point le degré de bonté dont ils sont susceptibles, si l’art lui-même ne s’est élevé à une perfection beaucoup plus grande dans les productions recherchées, et réservées exclusivement pour satisfaire la vanité ou la délicatesse du petit nombre. C’est toujours parées objets que commence le progrès des arts, pour descendre ensuite avec plus ou moins de lenteur à ce qui peut servir aux besoins de tous. Cette marche est naturelle, parce qu’il est plus aisé de trouver des procédés nouveaux lorsque la considération de ce qu’ils coûtent n’arrête point les efforts de l’artiste ; et ensuite, quand ces procédés sont connus et employés, l’expérience conduit bientôt aux moyens de les simplifier et d’en diminuer le prix. D’ailleurs, parmi le grand nombre des