Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/160

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sur le préjugé, etc.

économie, si elles sont bien dirigées. Si l’on porte ces dépenses au delà du terme où elles sont utiles à la nation entière, si on fait payer par elle ce qui, dans les autres villes, serait payé par les habitants, ou de la cité même ou de la province, alors sans doute on commettra une injustice ; mais cette injustice ne produirait à la pluralité des citoyens de la capitale que des avantages très-faibles pour chacun d’eux, et impossibles à conserver sans perdre les avantages bien plus grands d’une concorde que l’égalité seule peut maintenir.

III. Si nous considérons, enfin, les lois que les provinces d’un empire ont quelquefois paru vouloir opposer a l’agrandissement, à la prospérité de la capitale, nous trouverons qu’elles manquent encore leur but. Ces lois ont en général pour objet de rendre plus dispendieux par des impôts le séjour de la capitale. Mais ces impôts, sur quoi sont-ils payés ? Ce n’est par sur le produit territorial de la capitale, qui n’en a point ; c’est donc sur le salaire des personnes employées pour l’exercice des divers pouvoirs réunis dans la capitale ; c’est sur les fonds des établissements publics payés par la nation ; c’est sur le revenu des habitants des provinces qui viennent dans la capitale pour s’instruire, pour suivre leurs affaires, pour s’amuser. C’est donc sur les provinces elles-mêmes que porte la plus grande partie de ces impôts. Ce que les habitants de la capitale consomment vient des provinces, et ce avec quoi ils payent vient également d’elles. On croit que ces impôts pèsent sur les capitalistes, sur ceux qui tirent leur revenu