Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/161

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sur le préjugé, etc.

des intérêts payés par l’État ; mais comme on est intéressé à ne pas éloigner les habitants des capitales de placer dans les emprunts qu’eux seuls peuvent remplir en grande partie, il faut en porter l’intérêt à un taux qui leur convienne, et ce taux s’étend sur la totalité des emprunts, quoiqu’ils n’en aient pris qu’une portion. L’État payera donc à des étrangers en pure perte, pour avoir le plaisir de reprendre sur les rentiers établis dans la capitale l’excédant d’intérêts qu’il leur aura donné.

On imagine que ces impôts éloignent de la capitale, et c’est une erreur. Les salaires augmentent dans le même rapport que l’impôt, depuis la journée des ouvriers jusqu’aux appointements des hommes qui remplissent les premières places.

Seulement, ceux qui vivent avec économie trouvent, dans ce haussement des salaires, un moyen d’augmenter leurs épargnes, d’amasser plus aisément des petites fortunes pour se retirer en province.

Enfin, ceux qui, pour quelque raison que ce soit, font une partie de leurs dépenses hors la capitale, sont payés comme si cette partie était assujettie à l’impôt. D’ailleurs, tous les hommes ne calculent pas : et quoique, par l’effet des taxes indirectes, six livres puissent être réduites à ne procurer que les jouissances qu’on aurait ailleurs pour trois, il arrivera cependant que beaucoup de personnes préféreront de les gagner, et croiront avoir davantage.

Enfin, est-il de l’intérêt national d’écarter du point où se traitent les grandes affaires de la nation, les citoyens qui ont plus de lumières que de richesses,