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sur le préjugé, etc.

doit diminuer, il est de l’intérêt des provinces que cette diminution ne soit pas trop rapide.

Concluons donc que les habitants des provinces et ceux de la capitale d’un même empire ont les mêmes intérêts ; que ces intérêts sont également la certitude de jouir des droits communs à tous, l’avantage d’être soumis à des lois douces et sages, appliquées avec une sévère impartialité ; enfin, la liberté de la propriété, de l’industrie, du commerce, qui seule assure aux hommes, et les choses nécessaires à leurs besoins, et la facilité d’acquérir par leur travail ou leur intelligence les moyens d’y satisfaire.

Concluons que la grandeur d’une capitale, lorsqu’elle n’a pour cause que la réunion des pouvoirs qui embrassent tout l’État, favorise la liberté, le progrès des lumières et des arts utiles, en augmentant l’activité des esprits par l’émulation qui naît du rapprochement des hommes habiles dans tous les genres.

Concluons enfin que ceux qui voudraient, par des lois inégales, favoriser les provinces aux dépens de la capitale, ou la capitale aux dépens des provinces, ne parviendraient qu’à faire leur mai commun. Appliquons maintenant à la France ces réflexions générales.

On a prétendu que la constitution libre que la France vient de conquérir, et qu’elle doit en partie au zèle des citoyens de Paris, serait l’époque du dépérissement de la capitale, qui ne pourrait conserver ni sa population ni sa splendeur. Les uns ont été trompés par cette diminution dans les dépenses,