Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/167

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sur le préjugé, etc.

core que l’ancienne, sans en avoir la tyrannie arbitraire ? Aux agréments de ses théâtres, de ses arts, de sa société, Paris ne joindra-t-il pas le spectacle imposant d’une législature où tous les grands intérêts seront traités publiquement, avec liberté, dans une langue entendue de presque tous les hommes instruits de l’Europe ? Paris attirera donc, et plus de citoyens français parmi ceux qui ne cher client qu’à jouir, et un plus grand nombre d’étrangers.

On peut aussi compter pour beaucoup dans les premiers moments ceux des habitants des provinces dont le rétablissement de l’égalité naturelle blesse la vanité. Ils ne pourront souffrir d’avoir pour égaux ces simples citoyens dont ils auraient voulu rester les maîtres, et ils ne doivent pas espérer d’obtenir des places parce qu’ils ont trop dédaigné le peuple, dont le suffrage va seul les donner. Peut-être même ne dédaigneront-ils pas les places passagères, où l’on n’a plus que l’autorité de la loi, où l’on est comptable à ceux même dont on devient le supérieur ou le juge. Un sentiment naturel les portera vers la capitale, parce que les hommes pouvant y être étrangers à tout, hors à leur société, ont bien moins besoin de distinctions et de places.

La réforme de l’éducation, ou plutôt l’établissement d’une éducation vraiment nationale, sera pour Paris un nouvel avantage.

Sans doute la nation doit offrir à tous les citoyens l’instruction nécessaire pour travailler à leur propre bonheur, et remplir les devoirs communs de la société ; mais les grands maîtres, les instructions plus