Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
156
sur le préjugé, etc.

approfondies, plus étendues, qui ne peuvent convenir qu’à un petit nombre, auront naturellement leur place dans la capitale ; et il est important d’y réunir surtout les établissements où l’on développera dans toute leur étendue les diverses parties des sciences politiques.

Dans l’enseignement public d’une nation libre, la morale est toujours pure. Un professeur qui voudrait enseigner une politique insidieuse ou lâche, qui ferait l’apologie d’un usage injuste ou barbare, serait bientôt avili. L’enseignement est toujours plus sévèrement conforme à la justice que la politique des hommes d’État, même celle qu’ils annoncent dans les assemblées publiques, parce que le crédit, la réputation d’habileté, la facilité de s’excuser sur les circonstances, diminuent l’espèce de honte que des principes relâchés peuvent mériter.

Au contraire, celui qui enseigne n’a, comme l’écrivain, d’existence sociale, n’est honoré que par ses opinions.

En général, la jeunesse s’attache plus fortement aux maximes dont la pureté s’accorde avec la droiture naturelle du cœur humain. Rarement on voit un jeune homme oublier pour un intérêt de parti ou d’argent les opinions qu’il professe, faire retentir aujourd’hui le nom de liberté et demain consacrer l’esclavage, opposer les droits sacrés de l’humanité à de petits abus qui le blessent, et trahir ces mêmes droits en approuvant des crimes qui lui sont utiles. Cet excès de perversité est rare, et on n’en peut citer qu’un petit nombre d’exemples.