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sur le préjugé, etc.

l’Écosse. Mais que conclure de cet exemple ? Sans doute, si la corruption offre à ceux qui se distinguent par le talent ou par l’intrigue, des places, des honneurs et des richesses, une pente naturelle entraînera tous les hommes vers cette utile et brillante carrière ; et même l’homme vertueux pourra regarder comme un devoir de s’y engager, puisque la liberté, toujours en péril, aura sans cesse besoin de tous ses défenseurs.

Mais est-il donc nécessaire qu’une constitution libre soit fondée sur la corruption ? Dans celle que la France a choisie existera-t-il beaucoup de places qui puissent flatter la cupidité ou l’orgueil ?

Déjà cette constitution a rejeté du corps législatif ces places héréditaires, fléau de la liberté. L’idée d’un sénat composé de membres à vie a révolté la raison et l’indépendance de nos députés.

Les législateurs seront réélus tous les deux ans. L’administration est confiée à des assemblées dont les membres doivent être souvent renouvelés. L’ordre judiciaire n’offre que des places à temps, peu lucratives, et sans autorité personnelle. Que les finances soient régies avec économie, avec simplicité, qu’elles soient rigoureusement soustraites à l’influence du pouvoir exécutif. Dès lors la corruption ne devient plus un des agents nécessaires de la constitution ; et le génie de la nation, qui avait conservé son activité sous les chaînes du despotisme, ne sera pas honteusement étouffé sous l’indigne poids de l’or.

L’étude des sciences politiques, si on leur donne pour base les principes du droit et les maximes de