la raison, s’allie avec celle des autres sciences, avec le goût de la philosophie, avec l’amour des lettres. Croit-on qu’en France, à l’exemple de l’Angleterre, tout homme qui ne respectera pas avec une religieuse frayeur le mystère de la constitution, qui osera opposer le raisonnement à la routine, les intérêts de la justice à de prétendus intérêts du commerce, sera regardé comme un rêveur qu’il faut reléguer dans les universités ?
Pourquoi une nation libre n’encouragerait-elle pas autant que les princes, tout ce qui contribue aux progrès des lumières ? Ignorera-t-elle que ce sont les philosophes, les savants, les grands écrivains qui lui formeront ces instituteurs, destinés eux-mêmes à former des citoyens utiles ? Ne saura-t-elle pas que si on voulait borner l’esprit humain à ce qui est rigoureusement d’une utilité immédiate, il retomberait bientôt dans l’ignorance et dans la servitude ; que tout art, toute science qui ne fait pas de nouveaux progrès se corrompt et s’altère ? Car tel est le sort de l’espèce humaine, comme celui des individus qui la composent : il n’est pas dans sa nature de pouvoir fixer un terme où elle reste toujours la même ; il faut qu’elle se perfectionne ou qu’elle se dégrade, qu’elle apprenne ou qu’elle oublie.
La nation française peut-elle ignorer ce qu’elle doit au progrès des lumières ? L’exemple des nations peu éclairées, qui conservent leurs fers, ou qui ne les brisent que pour en changer, ne l’instruit-elle pas de ce qu’elle aurait à craindre de l’ignorance ? Les sciences continueront leur marche paisible ; la