Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/246

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opinion

la nation peut, sans injustice, les priver de la disposition de toute espèce de revenus, de toute espèce de fonds existant en France. Quel serait donc l’effet de l’indulgence que la faiblesse ou la perfidie pourraient réclamer en leur faveur, sinon de conserver à nos ennemis le pouvoir de troubler notre repos, de leur réserver précieusement les moyens, non de nous faire la guerre, non de payer une armée, non de soulever les nations, mais d’acheter contre nous des ennemis à la cour des despotes, dans les bureaux de leurs ministres ; mais de continuer cette distribution systématique de mensonges, de fausses nouvelles, de calomnies, source première des vexations que les citoyens français ont éprouvées ; mais de désorganiser sans cesse notre armée, d’y corrompre la discipline, de soudoyer l’hypocrisie de nos prêtres séditieux ; mais d’établir enfin des manufactures où l’on puisse exercer en grand l’art des faussaires ? car ces hommes qui nous parlent sans cesse de l’honneur, ne dédaignent aucune bassesse, pourvu qu’elle puisse servir la noble cause du fanatisme et de la tyrannie.

Offrons-leur encore une fois le moyen de cesser d’être nos ennemis ; mais, s’ils s’obstinent à l’être, de vains ménagements deviendraient une faiblesse ou plutôt un crime : et de quel droit, par pitié pour des hommes méprisables, sacrifierions-nous la sûreté de nos commettants, exposés, lorsque le besoin les appelle dans les pays étrangers, aux outrages de celte horde insolente et barbare ?

Mais quel sera l’effet de ces mesures de rigueur qui,