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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/248

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opinion

une connivence coupable entre Paris et Coblentz, alors, sans doute, la clémence eût pu ne paraître que l’effet de la bonté naturelle au peuple français, et du sentiment de ses forces ; mais aujourd’hui elle ne serait que faiblesse ; elle réveillerait toutes les défiances, elle fortifierait tous les soupçons.

Notre gouvernement nous a fait dévorer trop d’outrages ; sa timidité, son incertitude nous ont trop montrés à l’Europe comme les jouets d’une intrigue dont les fils nous étaient cachés, pour qu’il soit possible de céder au mouvement qui nous porte à l’indulgence. Que le nom français soit respecté, qu’on rende enfin justice au peuple généreux que nous représentons, et c’est alors seulement que, sans le trahir, il pourra nous être permis de pardonner en son nom.

C’est de notre conduite envers cette lie de la nation, qui ose encore s’en nommer l’élite, que dépend l’opinion des nations étrangères, si nécessaire au succès de nos travaux. Soyez modérés et justes, mais fermes, vous serez respectés par elles ; mais, si vous suivez les mouvements d’une juste indignation, on vous croira faibles ; si vous accordez un pardon qu’on ne vous demande point, on vous croira, ou dupes de l’artifice de vos ennemis, ou dominés par une influence secrète, et plus occupés des intérêts d’une famille que du salut d’un grand peuple.

D’autres considérations me paraissent devoir encore vous déterminera prendre ces mêmes mesures.

Un grand nombre d’émigrants n’a, pour la constitution française, qu’une aversion fondée sur d’an-