Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/372

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sur la liberté

D’ailleurs, les inquiétudes sur les subsistances, comme les fausses opinions sur la comparaison des contributions nouvelles et des anciennes impositions, comme les erreurs sur les prétendues atteintes portées à la religion, comme les craintes sur la situation des finances, ne sont pas en ce moment l’effet des préjugés isolés de quelques hommes qui les communiquent autour d’eux j ou d’une ignorance si excusable, après tant de siècles de servitude, et encore si peu d’années de liberté.

Toutes sont le fruit d’un complot formé pour égarer le peuple, le fatiguer par ses propres mouvements, affaiblir sa confiance dans ses représentants, parce que cette confiance est le seul moyen de conserver la paix, l’unique rempart de la constitution.

Vingt partis divisés entre eux d’opinions et d’intérêts, mais réunis dans un même but, emploient les mêmes moyens : tous s’accordent pour détruire cette confiance, parce qu’elle rend également impossibles tous les projets d’ambition particulière, toutes les espérances de despotisme religieux ou politique, tous les systèmes d’inégalité.

Il faut donc opposer la lumière à ceux qui ne peuvent espérer de combattre avec succès que dans les ténèbres, et faire entendre au sens, naturellement juste et droit du peuple, le langage de la vérité, lorsque ses ennemis parlent, à ses préjugés et à ses passions, celui de l’erreur.

Le sol de la France produit plus de grains qu’il n’en faut pour la consommation de ses habitants ; rarement même, dans les mauvaises années, la ré-