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sur la liberté

Jusqu’ici l’inspection sur ces formalités avait été confiée aux agents des fermiers ou régisseurs des droits de douane ; mais quoique depuis la révolution ces agents soient devenus des fonctionnaires publics, agissant, comme tous les autres, au nom de la nation seule, institués par elle et pour elle ; cependant, comme ils ne dépendent point de chefs qu’elle ait choisis, l’assemblée nationale a cru devoir appeler sur ces mêmes formalités la vigilance des officiers municipaux, c’est-à-dire, des fonctionnaires publics les plus immédiatement élus par les citoyens.

Sans doute, ils sentiront que, dans l’exercice de cette surveillance, ils ne sont ni les représentants ni les officiels d’une seule ville, mais des fonctionnaires chargés de l’intérêt général de la nation ; et que cet intérêt exige d’eux l’exécution littérale de la loi, et le maintien de la liberté, tant qu’elle ne s’exercera que conformément à la loi.

Rassurés par la confiance qu’ils doivent à des hommes de leur choix, libres d’ailleurs, et de vérifier si les formalités ont été remplies, et de s’assurer ensuite si elles ont été efficaces, à l’abri même des surprises, par la publicité donnée aux déclarations, les citoyens doivent enfin perdre toutes leurs terreurs.

Alors, dans l’homme qui, en achetant des grains pour les revendre, maintient, pour les diverses saisons de l’année, une plus grande égalité de prix ; dans celui qui, en transportant des grains, les répand avec plus d’uniformité sur tous les cantons de la France, le citoyen verra, non un ennemi, mais son