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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/634

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de la justice et de l’avantage d’une liberté illimitée pour le commerce des subsistances, on n’a jamais examiné l’hypothèse où les denrées seraient évaluées en une monnaie dont les circonstances rendraient la valeur réelle décroissante, de manière qu’il pût exister du profit à garder une denrée, quand bien même l’abondance devrait bientôt en faire baisser le prix réel ? On n’a pas examiné l’hypothèse où la masse des achats, payés ou avancés par le trésor public, deviendrait assez considérable pour éloigner les acheteurs particuliers, forcés à plus d’économie, et comparé le danger de fîxer un maximum à celui de voir multiplier ces achats, et de faire nourrir une grande nation par son gouvernement. Si on a complètement réfuté la crainte chimérique du monopole ou des accaparements, on n’a pu considérer l’hypothèse où plusieurs grandes puissances, réunies contre une seule nation, parce qu’elle veut être libre, auraient avoué le projet de l’affamer, parce qu’elles désespéreraient de la vaincre ; où ces puissances pourraient espérer de trouver des complices dans la nation même ; où ces complices pourraient, avec un succès égal, soit employer des manœuvres de commerce, soit les supposer pour amener la terreur et le pillage ; où enfin, pour la première fois, peut-être, un pacte de famine serait devenu possible d’une autre manière que par des lois prohibitives.

Enfin, la puissance de la loi, dans un pays qui n’a point de constitution consacrée par quelques années d’habitude, peut-elle calculer comme dans celui où le respect pour la loi etablie jusqu’à ce qu’une autorité