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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/659

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n’ont qu’un même intérêt.

de la civilisation, qui en est la suite, ne tendent point naturellement à séparer les hommes, mais à les rapprocher ; que les rapports sociaux, d’accord avec les sentiments de la nature, les portent, par l’intérêt de leur propre bonheur, à le chercher dans celui des autres ; et que l’homme ne peut devenir ennemi de l’homme que par l’effet des lois injustes, ou des institutions corruptrices.

Je parlerai d’abord de la prétendue opposition d’intérêts entre les riches et les pauvres, entre une ville devenue chef-lieu national par le fait, et le reste du territoire : on sait que ces deux erreurs sont, dans ce moment, une des principales causes des orages qui nous agitent, des maux dont nous sommes menacés.

L’intérêt de celui qui vit de son travail, de son industrie, est de n’en point manquer, de voir s’établir une concurrence active entre ceux qui en ont besoin. Il est également intéressé à ce qu’aucun trouble dans la société, aucun bouleversement dans les fortunes, ne dérange ni l’ordre des choses, qui lui assure du travail, ni la concurrence qui en maintient ou en élève le salaire.

Son intérêt est donc que celui qui peut vivre sans travail, d’un revenu acquis ou reçu, puisse employer son revenu et ses capitaux, soit pour sa dépense, soit même pour augmenter sa fortune par des moyens utiles à l’industrie, et que la crainte de perdre sa propriété ne le détermine pas à dissimuler sa richesse, ou à thésauriser.

L’intérêt de celui qui vit sans travail est de